YannisYan­nis Youlountas :

Désobeir c’est vivre !”

La fusil­lade qui a fait plusieurs morts à la rédac­tion de Char­lie Heb­do con­firme l’atmosphère lib­er­ti­cide qui, sous de mul­ti­ples formes, men­ace actuelle­ment la désobéis­sance, notam­ment sac­rilège et satirique.

Dans l’hexagone, jour après jour, l’espace se réduit entre, d’une part, des inté­gristes religieux de tous bor­ds qui descen­dent dans la rue, les uns après les autres, et men­a­cent diverse­ment nos lib­ertés chère­ment con­quis­es et, d’autre part, une extrême-droite qui gagne du ter­rain et se pré­tend le rem­part con­tre ce fléau, alors qu’elle est toute aus­si nauséabonde et dangereuse.

La con­fu­sion ambiante atteint des som­mets et chaque nou­velle étape sug­gère de choisir entre la peste et le choléra, dans la mise en scène d’une guerre de civil­i­sa­tion com­plète­ment imag­i­naire qui con­tribue à fab­ri­quer la peur, les préjugés et le repli sur soi.

Mal­gré les cir­con­stances, cer­tains pré­ten­dent, en France, que l’anticléricalisme et l’antifascisme sont désuets et passés de mode. C’est faire peu de cas de l’Histoire qui nous a mon­tré que les fan­tômes meur­tri­ers des inté­grismes religieux et de la nébuleuse fas­ciste ten­tent régulière­ment de faire leur retour.

La laïc­ité n’est pas un com­bat d’arrière-garde, ni l’humanisme et l’antiracisme des vieilles lunes au ser­vice de quelque pouvoir.

Ce sont des luttes plus que jamais actuelles, qui sont absol­u­ment indis­so­cia­bles de celles qui nous opposent à un gou­verne­ment vio­lent et par­fois crim­inel à l’égard de celles et ceux qui désobéis­sent sur les ZAD et partout ailleurs à des poli­tiques autori­taires, iné­gal­i­taires et destructrices.

Ces luttes sont plus impor­tantes et com­plé­men­taires que jamais. Et la désobéis­sance ne se négo­cie pas. Même si elle n’est pas du goût de tout le monde. Car désobéir, c’est vivre. Désobéir, c’est défendre le droit de choisir nos vies par-delà les idéolo­gies mor­tifères qui nous men­a­cent. Désobéir, c’est défendre la vie, par­fois jusqu’à en mourir.

Même si je ne partageais pas tou­jours l’humour et les posi­tions de mes con­frères de Char­lie Heb­do, notam­ment dans les con­flits qui ont opposé cer­tains d’entre eux à mon ami Siné, j’ai une pen­sée pour toutes les vic­times et leurs proches, notam­ment mon ami Tignous.

Même décédées, ces per­son­nes restent néan­moins plus vivantes, à tra­vers les décén­nies de créa­tions qu’elles nous lais­sent, que les par­ti­sans d’idéologies mor­tifères qui les ont assassinées.

Yan­nis Youlountas
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