Ben voilà, les femmes sont encore fâchées ! Cette fois-ci c’est le « Türk Dil Kurumu » ou TDK, Institut de la langue turque, équivalent de l’Académie Française en Turquie, qui attire les foudres. Comme vous verrez sur la capture d’écran ci-dessous, le dictionnaire en ligne du TDK affiche une définition des plus douteuses pour le mot « müsait », que je peux traduire vers le français par « disponible, adapté »,
Müsait — adjectif, [musa:it], de l’arabe mus¥¤id 1. Adjectif. Convenable, adapté. Exemple “Nous ne sommes nullement adaptés à l’affectivité, aux sentiments doux et tendres.” (N. F Kisakürek — Ecrivain turc) 2. Personne prête à flirter, qui flirte facilement (femme).
Un personne prête à flirter c’est forcément une femme, n’est-ce pas ?
Eh bien quand les femmes se fâchent, elles le font savoir.
Non seulement elles ont publié de nombreux messages de colère sur les réseaux sociaux, mais la contestation a pris place dans l’actualité, traversé les chroniques des journalistes, et pas que femmes.
Un expert du TDK a fait une explication afin de défendre l’institut :
Ce mot est utilisé comme métaphore comme beaucoup d’autres mots, donc ce deuxième sens figure dans le dictionnaire. Tous les mots utilisés dans la langue courante et dans la littérature écrite sont répertoriés dans le dictionnaire. Ces mots peuvent être de l’argot, ou des mots obscènes, ou encore des mots qui peuvent offenser les femmes. L’existence de ces mots dans la dictionnaire, ne veut pas dire que le TDK les défend. L’approche scientifique nécessite leur recensement.
Suite à cette déclaration, « İstanbul Feminist Kolektif », Collectif Féministe d’Istanbul a publiquement demandé au TDK :
Dans ce sens du mot, pourquoi est-il ajouté « kadın » (femme) ? Un homme ne peut pas être « disponible » ? Nous demandons le retrait de cette description sexiste expressément.
Je vous fournis volontiers le lien vers la pétition lancée pour le retrait de la description > ICI. N’hésitez pas à soutenir les femmes et les hommes qui en Turquie, se battent contre le patriarcat, que d’ailleurs, le texte de la pétition pointe du doigt comme résponsable de ce genre de dérives sexistes.
Un flirt est une action réciproque entre les personnes qui veulent flirter, par conséquent un homme ou une femme peuvent être de caractères qui peuvent flirter facilement. Le TDK montre une attitude clairement sexiste, et sert au patriarcat qui est la source de la discrimination des femmes, ainsi que des violences faites aux femmes.
..Avec la meilleure volonté nous pouvons penser que les autorités du TDK n’ont pas faites cette erreur consciencieusement, mais il s’agit clairement d’une erreur grave. … En tant que femmes, nous demandons donc la suppression de la précision « femme » dans la description, et nous attendons le soutien des femmes et des hommes.
Sans trop chercher, on trouve plusieurs autres descriptions sexistes dans la dictionnaire du TDK. Par exemple regardons la description du mot “femme” :
Femme :
1. Femelle adulte, personne féminine,
antonyme : “homme”
2. Personne ayant des vertus pour la maternité ou gestion de la maison.
3. (métaphore) domestique.
4. (ancienne langue) dame.
Pas mal non ? Je survole, je feuillète… Voulez-vous quelques expressions ? Sachez qu’elles sont très courantes :
- Devenir (être) femme : (Kadın olmak) 1. Perdre sa virginité, 2. Bien ménager son mari, sa maison.
- Comme une fille : (Kız gibi) 1. Qui ressemble à une fille, 2. Timide [NDLR : On l’utilise également pour dire, “neuf, vierge”, par exemple pour une voiture !]
- Le peuple de femmes et de filles : (Karı kız milleti) Péjoratif — Toute la partie de la société, composée de femmes.
- Fille en nylon : (Naylon kız) 1. Fille moderne, contemporaine, 2. Fille qui ne se comporte pas comme il faut.
- Néné de fille : (Kız memesi) 1. Pamplemousse 2. Une espèce de pêche.
- Fille séchée : (Kız kurusu) Pour une femme célibataire mûre ou vieille.
- Sa fille et sa jument : (Kızı kısrağı) En parlant des femmes de la famille d’une personne.
Comment voulez-vous que les frangines de Turquie se taisent ?
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