La semaine dernière à Karaman, 8 violeurs jugés pour avoir abusé d’une fille de 15 ans, ont été acquittés parce que la justice aurait décidé que la jeune fille était “consentante”.
La jeune fille qui pensait qu’elle n’avait pas réussi à se défendre au procès, a écrit une lettre. La voici :
Oncle Juge1je n’arrive pas à raconter ce que j’ai vécu parce que j’ai honte et parce que vous et les policiers, vous comportez comme si vous ne me croyiez pas. J’ai peur, et je pense que tous les hommes vont me violer. Tu es Juge, ne cries pas encore sur moi. Ne m’engueulez pas. Je suis une fille de 15 ans qui pèse 38 kg. Ma force n’est pas suffisante, comment voulez-vous que je résiste à un homme et que je me batte ? Les policiers et vous, vous m’avez accusée, en me disant : pourquoi tu n’as pas résisté. Un homme pèse trois fois mon poids et il est fort. Comment vous pouvez mesurer ma force avec celle d’un homme ? J’étais comme une morte vivante. Tout ce que je pensais, c’était de mourir tout de suite. Je voulais me suicider, mais je n’ai pas réussi. Ceci est ma dernière déclaration. Je ne viendrai plus dans votre tribunal qui ne me croit pas et qui m’humilie comme s’il se moquait de moi. Je vous laisse tête à tête avec la Justice et votre conscience.
L’avocat de la jeune fille, Bünyamin Çelik, a déclaré qu’ils/elle souhaitaient aller en cassation : ” Il est évident qu’on ne peut pas chercher la condition du consentement dans une affaire où la victime est une fille de 15 ans non révolu, et malgré cela le tribunal a décidé d’un acquittement”.
La jeune fille avait été violée en 2012, dans un premier temps par un homme de 47 ans, le patron du restaurant où sa maman avait travaillé comme plongeuse. Ensuite, 7 jeunes hommes de 15 à 17 ans, l’ont violée en la menaçant de raconter tout aux habitants du quartier.
Les parents de la jeune fille sont abattus et ne comprennent pas cette décision de justice. Ils déclarent que depuis le début du dossier, ils vivent enfermés chez eux. Or, les violeurs se baladent en toute liberté. La jeune fille venait de terminer le collège. Elle a gardé le secret pour elle seule pendant un moment. Fragilisée, elle n’a pu continuer ses études et intégrer le lycée. Elle se sent doublement pénalisée, et déclare que pendant l’enquête et les reconstitutions, les policiers et les juristes l’ont harcelées…
Un cas supplémentaire à verser au dossier déjà plein de cette justice patriarcale sous influence qui joue à plein.