Décidé­ment Tayyip n’aime pas les pédés, les gouines, les trans et tout ce qui ne lui ressem­ble pas, et en mois de Ramadan encore moins…

Ce sym­pa­thique journée de dimanche devait mar­quer la fin de la Semaine des Fiertés d’Is­tan­bul, organ­isée pour la 23ème fois. La gay pride, temps fort de cette semaine d’ac­tions LGBTI était donc sur le point de démar­rer à 17h. Des dizaines de mil­liers de man­i­fes­tants s’im­pa­tien­taient sur le lieu de ren­dez-vous à Tak­sim, et d’autres con­tin­u­aient à les rejoin­dre. Des dra­peaux arc en ciel flot­taient, les pan­car­tes et ban­deroles pré­parées d’a­vance expo­saient des slo­gans plein d’humour.

Et là, surprise !

Le comité d’or­gan­i­sa­tion apprend que la Pré­fec­ture d’Is­tan­bul avait inter­dit la gay pride au dernier moment, sans aucune annonce préal­able. Pour­tant cette marche était prévue et organ­isée depuis des mois.

Si la police anti-émeutes était large­ment déployée, parée de pro­jec­tiles lacry­mogènes, canons à eau et balles en caoutchouc ce n’é­tait pas pour rien. C’e­tait pour faire la fête de cette joyeuse foule, venue par­ler de l’é­gal­ité des droits, revendi­quer la lib­erté, chanter l’amour.

La répres­sion poli­cière fas­ciste a chargé les couleurs arc-en-ciel, la joie, l’hu­mour et l’enthousiasme.

Le comité organ­isa­teur dis­ait dans un com­mu­niqué pub­lié aussitôt :

La 13ème marche LGBT qui devait débuter à 17h à Tak­sim, a été subite­ment déclarée “inter­dite” par la Pré­fec­ture, en pré­tex­tant le Ramadan. La police charge des dizaines de mil­liers de per­son­nes avec des balles en caoutchouc, gaz lacry­mo et canons à eau. Toutes les rues menant vers Tak­sim et l’av­enue Istik­lal sont blo­quées.  Nous appelons le Préfet d’Is­tan­bul, Vasip Şahin, à respecter la Con­sti­tu­tion et cess­er expressé­ment les attaques ain­si que faire une déc­la­ra­tion publique. Nous invi­tons tous les par­tic­i­pants à garder leur posi­tion et atten­dre à Beyo­glu, jusqu’à ce que la marche démarre. Nous appelons nos ami(e)s et sou­tiens qui ne sont pas sur place à pro­test­er là où ils se trou­vent, en faisant du bruit avec des casseroles. NOUS SOMMES LA ! NOUS NE PARTIRONS PAS ! HABITUEZ VOUS ! L’amour gag­n­era ! ‪#‎GelYan­i­ma‬ Comité de la 23ème Semaine des Fiertés d’Istanbul

Comme la répres­sion poli­cière n’é­tait pas suff­isant, un groupe de civils, nation­al­istes et islamistes qui s’é­taient groupés près de l’av­enue Istik­lal, ont attaqué les jour­nal­istes venus cou­vrir l’événe­ment, devant les yeux des policiers. Plusieurs d’en­tre eux ont été blessés, dont un pho­tographe de l’AFP. Une vidéaste égale­ment de l’AFP qui fil­mait la vio­lente inter­ven­tion des policiers, a été bru­tal­isée par ces derniers. Aux alen­tours de Tak­sim, notam­ment dans le quarti­er Tophane, des petits groupes de man­i­fes­tants isolés ont été attaqués par des civiles.

Sommes-nous vrai­ment surpris ?

Pas vrai­ment…

Dans un pays où le patri­ar­cat opprime, l’ob­scu­ran­tisme abru­tit, le fas­cisme rép­ri­mande, les amoureux de la lib­erté ont du pain sur la planche. Mais ras­surez-vous ils ne chau­ment pas. Ils lut­tent avec toute leur force, leur coeur et leur cerveau. Ils utilisent tous les moyens avec humour, créa­tiv­ité et courage. Il va fal­loir que ceux qui ont la trouille  de la lib­erté s’y habituent. “L’amour gag­n­era” !


Pour vous met­tre au par­fum lacry­mo stanbouliote…
Voici quelques vidéos filmés par l’ac­tiviste pho­tographe Zafer Kara. .

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La police large­ment déployée dans le quartier.

Deux activistes tran­sex­uelles, essayent de blo­quer le pas­sage du blindé… Une des deux lance sa chaus­sure sur les flics qui les arrosent (pho­to à la une). . S’en suiv­ent, les tirs de balles en caoutchouc.
Cet envoi de chaus­sure devien­dra prob­a­ble­ment l’emblème de cette journée.

Les pas­sants râlent con­tre les policiers dont une femme qui dit être là pour faire des cours­es : “Pourquoi vous faites ça ? Il y a des enfants. On est en Turquie là. Je ne peux pas marcher dans les rues de mon pays ?”. Ensuite, les 2 trans par­lent aux jour­nal­istes : “Vous filmez, vous filmez tou­jours mais vous ne pub­liez jamais. Pub­liez tout ça, pour le que monde voit ce qu’il se passe”. Ensuite une des trans s’as­soit par terre pour remet­tre sa chaus­sure en pes­tant “que le Dieu vous punisse” et sa copine debout ajoute : “Fils de putes” et les policiers (sans doute très vexés) mitrail­lent les trans de balles en caoutchouc mal­gré la petite dis­tance non réglementaire.

18h25, une man­i­fes­tante por­tant un dra­peau s’adresse aux policiers “Vous êtes tous très laids !”. La police répond en tirant. Un jour­nal­iste est blessé par une balle en caoutchouc.

à 18h30 dans la rue Mis

A 1′24″ de la vidéo > Le slo­gan qui s’adresse aux flics : “Polici­er, fourniques et vis avec honneur”

Com­ment énerv­er les flics !

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