Nouvelles élections en vue

davutoglu-ampouleLe Pre­mier Min­istre  Davu­toğlu a fait une déc­la­ra­tion aujourd’hui après son entre­tien avec Kemal Kılıç­daroğlu, le leader du CHP (par­ti démoc­rate et kémal­iste). Il a déclaré qu’une coali­tion avec CHP s’avère impos­si­ble et qu’une nou­velle ren­con­tre avec le leader du MHP (ultra-nation­al­istes) est plus souhaitable. Devlet Bahçeli, le leader du MHP s’était cepen­dant déclaré récem­ment opposé à la pour­suite du dialogue.

Par ailleurs le leader du CHP a déclaré que le Pre­mier Min­istre ne leur a pas pro­posé une coali­tion durable, mais de con­stru­ire un gou­verne­ment de tran­si­tion avant les élec­tions dans 3 mois.

Comme Kedis­tan l’ex­pri­mait déjà suite aux élec­tions, les nou­velles élec­tions sont qua­si en vue. Mais le chaos instal­lé depuis un mois, don­nerait la pos­si­bil­ité à Erdoğan de déclar­er état d’urgence et d’empêcher ces élec­tions en pré­tex­tant qu’elle ne peu­vent pas être faites dans un état de crise et d’insécurité, tout en  con­tin­u­ant l’exercice avec le gou­verne­ment provisoire.


Erdoğan appelle les “muhtars” à la délation

Le prési­dent de République Tayyip Erdoğan, suite à une réu­nion avec les muhtars, pré­posés de quartier/village leur a don­né l’ordre de faire de la déla­tion pour l’Etat. En effet, Erdoğan a appelé les muhtars à déclar­er « qui habite dans chaque foyer ».

Cet appel qui appro­fondie encore plus la divi­sion, la sus­pi­cion et la haine dans la pop­u­la­tion du pays, a été accueil­li avec beau­coup de réactions.

Pré­cisons que le mot muhtar, définis­sant le respon­s­able admin­is­tratif élu par les habi­tants des com­munes, veut dire lit­térale­ment « autonome, indépen­dant ». En terme de démoc­ra­tie actuelle, un muhtar est l’unité la plus directe et la plus proche de la pop­u­la­tion, en rela­tion directe avec les habi­tants. L’appel à la déla­tion du Prési­dent décon­stru­it totale­ment le sens du terme muhtar, et ses fonc­tions, en invi­tant ces élus à se met­tre à son service.

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Un ren­con­tre entre ces élus de prox­im­ité et le Prési­dent devrait être une occa­sion pour celui-ci de ten­dre l’or­eille à leur prob­lèmes. Erdoğan avait déjà organ­isée ce genre de réu­nions plusieurs fois. Il existe en Turquie 18.332 muhtars de vil­lage et 31.866 muhtars de quarti­er. Les mau­vais­es langues soulig­nent que seuls sont invités à ces réu­nions, ceux qui sont proches de l’AKP…

La dernière réu­nion date du Mars 2015 où Erdoğan avait fait un beau dis­cours devant 2000 muhtars invités, et l’é­coute des leurs doléances s’é­tait trans­for­mée en annonce de l’ou­ver­ture d’un site inter­net où ils “pour­raient trans­met­tre leur prob­lèmes et deman­des”.  Or, beau­coup de muhtar, notam­ment ceux des petits vil­lages en régions rurales, ne pos­sè­dent non seule­ment pas d’ac­cès Inter­net, mais d’or­di­na­teur non plus. Mais ils ont main­tenant leur adresse e‑mail comme tout muhtar qui se respecte.


Les affrontements et attaques continuent :

Quelques exem­ples.…

turquie-carte-hakkariA Hakkari, lors de l’enterrement de Barış Tekçe, mem­bre de PKK tué par la gen­darmerie hier, la police a chargé au gaz lacry­mogène et tiré au hasard à balles réelles, faisant plusieurs blessés.

Barış Tekçe, con­sid­éré comme le respon­s­able du PKK à Hakkari, a été tué lors d’une opéra­tion, par des tirs depuis un héli­cop­tère, alors que son groupe creu­sait des fos­sés sur la route nationale de Hakkari-Çukur­ca. Cette route était fer­mée à la cir­cu­la­tion depuis quelque jours après l’ex­plo­sion de mines posées pour empêch­er le pas­sage des véhicules de la gen­darmerie. Des recherch­es de mines éventuels sont en cours actuelle­ment. Un enreg­istrement de vidéo des tirs qui ont tué Barış Tekçe est en train de cir­culer sur Inter­net. S’il s’ag­it bien de ces instants, com­ment et par qui cette vidéo enreg­istrée depuis le moni­teur l’héli­cop­tère a‑t-elle pu être dif­fusée ?… C’est un mystère.

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turquie-carte-agriA Ağrı suite à une attaque ciblant le siège de la Gen­darmerie hier soir, aujourd’hui une opéra­tion de police a tué 3 per­son­nes dont deux jeunes kur­des. Les jeunes étaient selon la Pré­fec­ture d’Ağrı, des ter­ror­istes du PKK.

Le Maire de Diyadin Haz­al Aras déclare dans les médias, que Orhan Aslan (16 ans) et Emrah Aydemir (14 ans), ouvri­ers d’un four à pain tous les deux, n’ont aucun lien avec une quel­conque organ­i­sa­tion terroriste :

Ces gamins étaient allés pour leur tour du soir à la boulan­gerie. Trou­vant la porte fer­mée ils se sont assis devant pour atten­dre. En voy­ant les blind­és pass­er, ils ont pris peur et se sont cachés dans le buch­er de la boulan­gerie. Ils ont été tués là bas. 5 per­son­nes de leur famille, qui ont été témoins de leur mort sont actuelle­ment retenues en garde à vue.

En effet a mère d’Emrah con­firme que son fils l’a appelé depuis sa cachette en lui dis­ant « Nous nous sommes refugiés dans le bûch­er. Ici on est en sécu­rité ». Cette maman qui a per­du un fils tué par les forces de sécu­rité,  en a un autre qui ren­tre tout juste de son ser­vice mil­i­taire et un autre qui est sur le point de partir…

Le Maire continue :

Peut être qu’ils n’étaient pas ciblés exprès. Mais dans la com­mune il y a une vio­lence envers les pop­u­la­tions civiles. Les gens ne peu­vent plus sor­tir à par­tir d’une cer­taine heure.

Je souligne encore une fois, qu’il s’agissait d’ enfants de 14 et 16 ans, que nous con­nais­sions de près. Ils n’ont rien à voir avec une quel­conque organ­i­sa­tion ter­ror­iste de loin ou de près, ils ne venaient même pas aux mobil­i­sa­tions poli­tiques du HDP. C’était des enfants pau­vres, ils avait étudié dans l’école réligieuse (Imam Hatip). J’ai dit tout ceci égale­ment aux forces de sécu­rité « Vos ser­vices savent très bien que ce sont des civils, il n’est pas dif­fi­cile de con­stater cela ». D’ailleurs le patron de la boulan­gerie le confirme.

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turquie-carte-reyhanliA  Rey­han­lı, com­mune de Hatay, ville frontal­ière, un mur de 3 mètres a com­mencé à être con­stru­it suite à la déci­sion de la Pré­fec­ture de Hatay. Le mur est con­sti­tué de blocs de 2x3 mètres de dimen­sions qui pèsent de 7 tonnes. Le mur sera d’une longueur de 8 km. Ce n’est pas le pre­mier mur frontal­ier. Il exis­tait déjà un mur de 2 km, dans la com­mune de Yayladağı.

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