Arti­cle d’Anne Tempelhoff :

Tout d’abord, qui sont les tsiganes?

Il y a les dénom­i­na­tions internes (comme Rom), et les dénom­i­na­tions externes, que les non-Tsi­ganes utilisent pour désign­er les Tsi­ganes, comme Romanichel, ou encore Bohémien. Ce dernier terme ren­voit par exem­ple aux let­tres de pro­tec­tion qui étaient accordées par les rois de Hon­grie, de Pologne et de Bohême.

- Les Gitans -Gyp­si en anglais, Gitanos en espag­nol (qui se nom­ment eux-mêmes Kalé)- vivent en Espagne et dans le sud de la France, et représen­tent env­i­ron 10 % des Tsi­ganes selon le col­lec­tif Romeurope.

- Les Sin­té, ou Manouch­es en français, se sont plutôt étab­lis en Ital­ie, France ou dans les régions ger­manophones, le Bénélux et cer­tains pays nordiques, et représen­tent env­i­ron 4 à 5 % des Tsi­ganes, selon la même association.

- Les Roms, terme sig­nifi­ant homme en romanès. Il s’ag­it là encore d’un terme générique, mais, cette fois, endogène, c’est-à-dire employé par les Roms eux-même. Il a été choisi en 1971 par des asso­ci­a­tions d’Eu­rope de l’Est, comme l’U­nion romani inter­na­tionale, pour rem­plac­er celui de Tsi­gane, con­sid­éré comme péjoratif.

Sou­vent orig­i­naires de Roumanie, Bul­gar­ie, Grèce, Slo­vaquie, Ser­bie, Hon­grie : selon l’as­so­ci­a­tion Rom Europe, ils représen­tent 85 % des Tsi­ganes européens. Leur arrivée en France s’est faite essen­tielle­ment en plusieurs vagues migra­toires : d’abord au lende­main de la Sec­onde Guerre Mon­di­ale, puis dans les années 1970 et enfin à par­tir des années 1990. S’ils vien­nent de la même région de l’est de l’Eu­rope, ils n’ont pas la même nation­al­ité, ni for­cé­ment les mêmes con­fes­sions religieuses, ni le même statut admin­is­tratif. Il y aurait entre 15 000 et 20 000 Roms en France, dont 85 % de ressor­tis­sants européens, essen­tielle­ment bul­gares et roumains.

- Quant au terme “gens du voy­age”, il s’ag­it d’une caté­gorie admin­is­tra­tive, créée par la loi du 3 jan­vi­er 1969. Le terme désigne les per­son­nes vivant plus de 6 mois par an en “rési­dence mobile ter­restre”. Leur nom­bre est estimé à près de 400 000 per­son­nes selon la Fédéra­tion nationale des asso­ci­a­tions sol­idaires d’ac­tion avec les Tsi­ganes. Selon cette asso­ci­a­tion, la qua­si-total­ité d’en­tre eux sont de citoyen­neté française.

- En Turquie les Rroms sont surnom­més “roman”. Ce terme est util­isé en Thrace pour désign­er les Rroms, appelés ailleurs en Turquie Cin­gene, “Tzi­ganes”. D’autres appela­tions régionales sont usitées, comme Mutrip dans les régions proches de l’Iran.
Toutes ces com­mu­nautés peu­vent être regroupées sous le nom de “Tsi­ganes” (ou “Tzi­ganes”)

De tout temps, les Tsi­ganes ont été per­sé­cutés, en Europe Ori­en­tale comme en Europe Occidentale.
Ils ont été réduits en esclavage en Roumanie (le pays où, selon Manuel Valls, ils ont “voca­tion” à vivre), mis aux galères en France et déportés dans les colonies en Angleterre.

Ils étaient per­sé­cutés parce que dif­férents, dif­férents par leur apparence, dif­férents par leur mode de vie et dif­férents par leur culture.
Ces per­sé­cu­tions atteignirent leur parox­ysme durant la Sec­onde Guerre mon­di­ale. Les Nazis entre­prirent de les exter­min­er au motif qu’ils étaient des aso­ci­aux irré­ductibles de par leur appar­te­nance à une race “hybride” et inférieure. Ces per­sé­cu­tions prirent des formes dif­férentes selon les pays : interne­ment, stéril­i­sa­tion, mas­sacres, dépor­ta­tion et exter­mi­na­tion dans les cham­bres à gaz. Le camp d’Auschwitz est con­nu de tous pour sym­bol­is­er le géno­cide des Juifs, ce fut aus­si le camp dans lequel furent exter­minés la plu­part des Tsiganes.

Aujour­d’hui, leur statut s’est amélioré. Con­sid­érable­ment, même, puisque le Tsi­gane est passé de vic­time expi­a­toire à sim­ple intouchable…

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1/ Allemagne

Depuis la fin du XIXème siè­cle, les Tsi­ganes alle­mands, majori­taire­ment séden­taires, étaient devenus l’ob­jet de toutes les atten­tions de ceux qui dénonçaient le “fléau tsi­gane” (anthro­po­logues, lin­guistes, folk­loristes) et notam­ment des ser­vices de polices qui entre­prirent de les recenser et de les met­tre sous étroite surveillance.

Les nazis achevèrent de fédér­er les dif­férentes lég­is­la­tions anti-tsi­ganes des Län­der, assim­ilèrent les Tsi­ganes aux aso­ci­aux, ce qui leur per­mit de touch­er les séden­taires, et mirent au point une déf­i­ni­tion raciale des Tsi­ganes devant per­me­t­tre l’érad­i­ca­tion défini­tive du “fléau tsigane”.
Dès 1933, ils sont, ain­si que les hand­i­capés, stéril­isés (lois d’hy­giène raciale).
En 1935, ils sont exclus du corps électoral.

Les Nazis définis­sant la citoyen­neté alle­mande d’après des critères raci­aux, entre­prirent de définir raciale­ment les Juifs et les Tsi­ganes afin de les exclure de cette citoyen­neté. Le Cen­tre de recherch­es en hygiène raciale et biolo­gie des pop­u­la­tions, créé en 1936 au sein des Ser­vices de San­té du Reich, mais dépen­dant du min­istère de l’In­térieur, et dirigé par le doc­teur Rit­ter, reçut la mis­sion de recenser tous les Tsi­ganes du Reich en util­isant l’an­thro­pométrie et la généalogie.

En 1944, 30 000 exper­tis­es avaient été établies ; la qua­si-total­ité des Tsi­ganes du Reich avaient été recen­sés et fichés.
Les don­nées accu­mulées lors de ces exper­tis­es per­mirent au doc­teur Rit­ter d’établir une clas­si­fi­ca­tion pré­cise des Tsi­ganes en août 1941.

Z (Zige­uner) : Tsi­gane (c’est-à-dire de véri­ta­ble et pur sang tsigane).

ZM + ZM (+) (Zige­uner­mis­chling) : Plus qu’à moitié tsi­gane (c’est-à-dire métis­sé, mais au sang tsi­gane prédominant).

ZM (Zige­uner­mis­chling) : Semi-tsi­gane (à part égale de sang tsi­gane et de sang alle­mand). Cette caté­gorie se sub­di­vise elle-même en deux sous-groupes : 1) “ZM de pre­mier degré”, dans le cas où l’un des par­ents est pur tsi­gane et l’autre alle­mand. 2) “ZM de sec­ond degré”, dans le cas où l’un des par­ents est “ZM du pre­mier degré” et l’autre allemand.

 “ZM_ ou ZM (_) (Zige­uner­mis­chling) : Plus qu’à moitié alle­mand (c’est-à-dire métis­sé, mais à sang alle­mand prédominant).

NZ (Nicht-Zige­uner) : Non-Tsi­gane (per­son­ne à con­sid­ér­er comme étant de sang allemand).”

Le Cen­tre de recherch­es en hygiène raciale con­sid­érant qu’une majorité des Tsi­ganes était en fait des métis (Mis­chling) con­clu­ait qu’ils étaient des aso­ci­aux par leur mode de vie et une race hybride par leur métis­sage biologique, ce qui impli­quait qu’au­cune “réé­d­u­ca­tion” n’é­tait pos­si­ble. L’équipe du doc­teur Rit­ter pro­po­sait d’ailleurs de tous les stérilis­er pour solu­tion­ner la ques­tion tsigane.

Peu à peu, les Tsi­ganes subirent le sort réservé aux Juifs : les mariages mixtes furent inter­dits, les enfants exclus de l’é­cole, les adultes de l’ar­mée, les tra­vailleurs soumis à un impôt spé­cial, etc.

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La poli­tique de séden­tari­sa­tion fut parachevée en inter­nant les Tsi­ganes dans des camps com­mu­naux. Ces camps furent créés à l’ini­tia­tive des autorités munic­i­pales ou de polices locales, sans qu’il ait existé au préal­able de cadre juridique formel. Le car­ac­tère de ces camps et les con­di­tions de vie des Tsi­ganes, qu’on inter­nait par famille, furent par con­séquent très vari­ables. Tous ces camps ont en com­mun d’avoir servi, au départ, à l’in­terne­ment des Tsi­ganes qui habitaient dans des roulottes placées sur des aires de sta­tion­nement ou dans des baraque­ments, et qui, de ce fait, cor­re­spondaient le mieux aux préjugés racistes. Ceux qui vivaient comme la majorité des alle­mands, sans se faire remar­quer par leur mode de vie, ont cepen­dant été internés à leur tour dès lors qu’ils furent recen­sés en tant que Tsi­ganes sur la base de critères raci­aux. L’ob­jec­tif générale­ment pour­suivi était la con­cen­tra­tion de tous les Tsi­ganes d’une ville ou d’une région dans un camp. Le pre­mier camp tsi­gane fut organ­isé à Cologne en avril 1935. Le 6 juin 1936, un “Décret pour la lutte con­tre le fléau tsi­gane” déclara illé­gales les expul­sions reléguant les Tsi­ganes à la périphérie des villes et exigea des autorités “la séden­tari­sa­tion des Tsi­ganes en un lieu déter­miné” afin d’en faciliter la sur­veil­lance par la police. Un grand nom­bre de villes se servirent de ce décret pour jus­ti­fi­er la créa­tion de camps tsiganes.

Est-ce que ça vous par­le, vous inter­pelle? Je l’espère.

 

En juil­let 1936, les 600 Tsi­ganes de Berlin, dont la présence était indésir­able pen­dant les Jeux Olympiques, furent internés dans un camp situé à la périphérie de la ville. Le “Décret pour la lutte préven­tive con­tre l’in­fes­ta­tion tsi­gane” du 8 décem­bre 1938 ordon­nant leur séden­tari­sa­tion pour faciliter leur recense­ment fut inter­prété comme “sig­nifi­ant qu’à l’avenir tous les Tsi­ganes devaient être logés dans un camp”. Ces camps étaient de véri­ta­bles camps d’in­terne­ment : ils étaient entourés de bar­belés, gardés par un gar­di­en armé, les Tsi­ganes ne pou­vaient en sor­tir sans autori­sa­tion et étaient soumis au tra­vail for­cé. Ils étaient d’au­tant plus oblig­és de se soumet­tre à cette oblig­a­tion que le tra­vail était la con­di­tion sine qua non pour obtenir une allo­ca­tion des ser­vices soci­aux, allo­ca­tion qui leur per­me­t­tait de se nour­rir, l’ad­min­is­tra­tion ne le faisant pas. Ces mesures touchaient prin­ci­pale­ment les nomades et les semi-sédentaires.

terraibarbeles-strasbourg(Au fait, vous êtes au courant que le ter­rain fourni à ses Roms par la munic­i­pal­ité de Stras­bourg, l’e­space Hoche, est un ancien camp mil­i­taire entouré de barbelés?)

Assim­ilés à des aso­ci­aux, les Tsi­ganes furent internés dans des camps de con­cen­tra­tion. Dans la semaine du 18 au 25 sep­tem­bre 1933, la police, aidée des SA et des SS, procé­da à une rafle de men­di­ants et de vagabonds dans tout le Reich. Dix mille per­son­nes, dont un nom­bre incon­nu de Tsi­ganes, furent arrêtées et internées dans des camps de concentration.

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Marzahn (quarti­er de Berlin), l’un des pre­miers camp d’in­terne­ment pour les Tsiganes

Le 14 décem­bre 1937, Hein­rich Himm­ler pub­lia le “Décret de lutte préven­tive con­tre le crime” appelé aus­si “Décret sur les aso­ci­aux” stip­u­lant que “la Police Judi­ci­aire du Reich avait la pos­si­bil­ité de déporter dans les camps de con­cen­tra­tion tous ceux qui étaient qual­i­fiés d’ ”aso­ci­aux” ou de “rétifs au tra­vail””. En avril 1938, 2 000 hommes, dont nom­bre de Tsi­ganes, furent ain­si internés dans le camp de Buchenwald.

Pré­tex­tant que ce décret “n’avait pas été appliqué avec toute la rigueur néces­saire”, Himm­ler ordon­na de procéder à une nou­velle vague d’ar­resta­tion. Cette opéra­tion désignée sous le code “Aktion Arbeitscheu Reich” eut lieu dans la semaine du 13 au 18 juin 1938. Chaque poste de police avait reçu l’or­dre d’en­voy­er dans les camps de con­cen­tra­tion au moins 200 hommes capa­bles de tra­vailler dont :“les Tsi­ganes ou les per­son­nes nomades comme le sont les Tsi­ganes, si elles n’ont pas mon­tré une volon­té de tra­vail réguli­er ou si elles se sont ren­dues coupables d’infractions.”

Dix mille per­son­nes furent à cette occa­sion arrêtées et internées dans les camps de Dachau, Buchen­wald et Sach­sen­hausen, où on leur attribua le tri­an­gle noir des aso­ci­aux. Par­mi ces 10 000 per­son­nes se trou­vaient tous les hommes du camp tsi­gane de Franc­fort, une ving­taine de Tsi­ganes “non salariés” du camp tsi­gane de Cologne et les ado­les­cents du camp tsi­gane de Düs­sel­dorf. Le nom­bre exact de Tsi­ganes qui furent arrêtés en juin 1938 n’est pas connu.

A l’au­tomne 1942, Himm­ler ordon­na l’in­terne­ment “des élé­ments aso­ci­aux des étab­lisse­ments péni­ten­ti­aires (des Tsi­ganes mais aus­si des Juifs et des Russ­es) en vue de l’élim­i­na­tion par le tra­vail”. Les hommes n’é­taient évidem­ment pas les seuls à être men­acés, les femmes étaient égale­ment internées comme aso­ciales, notam­ment à Ravens­brück. La plu­part d’en­tre d’elles furent arrêtées pour men­dic­ité, alors qu’elles exerçaient une activ­ité com­mer­ciale inter­dite, ou pour avoir prédit l’avenir. Toute infrac­tion con­statée ‑ou sup­posée- suff­i­sait pour être interné dans un camp de con­cen­tra­tion. De nom­breux Tsi­ganes orig­i­naires d’Autriche furent déportés dans les camps de con­cen­tra­tion allemands.

Dès l’été 1938, 15 000 Tsi­ganes étaient déportés à Dachau ; 600 d’en­tre eux furent trans­férés à Buchen­wald à l’au­tomne 1939. Un tiers de ces tsi­ganes ne pas­sa pas l’hiver.

Le 21 sep­tem­bre 1939, lors d’une con­férence organ­isée par Hey­drich, il fut décidé de déporter tous les Juifs et les Tsi­ganes vers la Pologne.
Le 27 avril 1940, Himm­ler don­na l’or­dre de déporter par familles 2 500 Tsi­ganes dans le Gou­verne­ment général de Pologne.

A l’o­rig­ine la total­ité des 30 000 Tsi­ganes vivant en Alle­magne devait être déportée, mais “comme des dif­fi­cultés pra­tiques étaient apparues lors du “déplace­ment” de 160 000 Juifs et Polon­ais, seul un “pre­mier trans­port” de 2 500 Tsi­ganes orig­i­naires des zones frontal­ières de l’ouest et du nord-ouest de l’Alle­magne fut ordon­né”. Ces dépor­ta­tions furent organ­isées du 21 avril au 16 mai 1940.

300 Tsi­ganes orig­i­naires du sud de l’Alle­magne furent égale­ment déportés en Pologne. Tous avaient signé un doc­u­ment attes­tant qu’ils avaient bien com­pris que s’ils reve­naient en Alle­magne, ils seraient stéril­isés et envoyés en camp de con­cen­tra­tion. Ces dépor­ta­tions eurent lieu au vu et au su de tous, sans que cela provoque une quel­conque réaction.

La dépor­ta­tion sys­té­ma­tique des Tsi­ganes prit toute sa dimen­sion avec un décret d’Himm­ler du 16 décem­bre 1942. Ce décret ordon­nait la dépor­ta­tion à Auschwitz de tous les Tsi­ganes du Grand Reich. Peu de temps après, le décret fut élar­gi aux Tsi­ganes d’Autriche, du Nord de la France, de Pologne, du Lux­em­bourg, de Bel­gique et des Pays-Bas.

L’or­dre don­né par Himm­ler, le 16 décem­bre 1942, l’Auschwitz Erlass, con­stitue la dernière étape vers “la solu­tion défini­tive de la ques­tion Tsi­gane”. Enfin, avec le décret d’ap­pli­ca­tion du 29 jan­vi­er 1943, tous les Tsi­ganes devaient être déportés par familles, “sans pren­dre en compte le degré de métis­sage”, dans la sec­tion tsi­gane (Zige­uner­lager) du camp d’Auschwitz.

Le “camp de familles” a été con­stru­it à Auschwitz ‑Birke­nau II en févri­er 1943. Le pre­mier trans­port arri­va le 26 février.

Du 26 févri­er au 6 mars, 828 Tsi­ganes arrivèrent au camp en qua­tre con­vois. Le 23 mars, 1 700 Tsi­ganes de Bia­ly­stock furent immé­di­ate­ment gazés sans même être enreg­istrés. Du 6 au 31 mars, 23 con­vois com­prenant 11 339 Tsi­ganes arrivèrent et furent imma­triculés à Auschwitz. Env­i­ron 19 000 Tsi­ganes furent déportés à Auschwitz en 1943 et 2 200 avant l’été 1944. 63 % étaient alle­mands, 21 % venaient de Bohême-Moravie, 6 % de Pologne, les 11 % restants avaient d’autres nation­al­ités ou étaient con­sid­érés comme apatrides.

Si l’on inclut ceux qui furent internés sans enreg­istrement pour être assas­s­inés peu de temps après dans les cham­bres à gaz, le chiffre total des Tsi­ganes déportés dans la “sec­tion tsi­gane” atteint 23 000 personnes.”

Les Tsi­ganes furent les seuls à ne pas con­naître la sélec­tion sur la rampe d’Auschwitz, ils furent aus­si les seuls à vivre en famille. La plu­part de ces Tsi­ganes sont morts de faim, de mal­adies (typhus et Noma pour les enfants) et des suites des expéri­ences médi­cales pra­tiquées par le doc­teur Men­gele. En avril et mai 1944, quelques cen­taines de Tsi­ganes aptes au tra­vail furent trans­férés à Buchen­wald et Ravens­brück. Dans la nuit du 2 au 3 août 1944, les 2 897 per­son­nes restées au “camp de familles” furent gazées.

Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom avant la guerre : 20 000
Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom mas­sacrée : 15 000

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2/ Pologne

Les per­sé­cu­tions ne com­mencèrent véri­ta­ble­ment qu’après l’in­va­sion de l’URSS en juin 1941.

Des Tsi­ganes furent internés dans des ghet­tos (Cra­covie, Lodz, Lublin et Varso­vie) et dans des camps de travail.

Les per­sé­cu­tions redou­blèrent d’in­ten­sité en 1942. Le 1er juin, tous les Tsi­ganes rési­dant dans les régions de Varso­vie et d’Ostro-Masowiec­ki furent con­traints de rejoin­dre un ghet­to. Des mas­sacres de Tsi­ganes furent per­pétrés par des fas­cistes polon­ais et ukrainiens dans de nom­breuses régions de Pologne. 115 Tsi­ganes furent tués à Lohaczy en 1942, 96 à Szczurowa et 15 à Berna, en 1943. 104 furent tués à Zahroczy­ma, 30 à Gro­chow et une cinquan­taine à Kar­czew. Tous les Tsi­ganes de Olyce furent fusil­lés, et il y eut d’autres assas­si­nats à Pyrach, Zyrad­ow, Tar­gowka, Radom, Sluze­ca et Komorow. On lâchait les chiens con­tre les Tsi­ganes à Poznan.

Il y eut de exé­cu­tions mas­sives à Wolyn (Wol­hynie) et dans les Carpates. Dans la province de Wolyn, 3 000 à 4 000 tsi­ganes furent tués par les Alle­mands, et par les fas­cistes ukrainiens. Seuls les adultes étaient fusil­lés. Pour tuer les enfants, on les soule­vait sou­vent par les pieds, et on leur fra­cas­sait le crâne à la volée con­tre les arbres (c’est cher, les balles). On avait égale­ment recours à des cham­bres à gaz mobiles. En 1943 et 1944, env­i­ron 600 Tsi­ganes polon­ais et 2 600 orig­i­naires de Bia­lystok furent envoyés à Auschwitz.

Env­i­ron 13 000 Tsi­ganes polon­ais (un quart de la pop­u­la­tion tsi­gane) ont trou­vé la mort sous l’Occupation.

Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom avant la guerre : 50 000
Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom mas­sacrée : 13 000

3/ Croatie

En avril 1941, le min­istre de l’In­térieur Artukovic ordon­na l’in­terne­ment dans des camps de con­cen­tra­tion de tous les Tsi­ganes orig­i­naires de Croat­ie et de Bosnie-Herzé­govine. Plusieurs mil­liers de Tsi­ganes furent arrêtés et assas­s­inés en mai et juin 1942 notam­ment dans le camp de con­cen­tra­tion de Jasen­o­vac. Des Com­mu­nistes, des Juifs, des Serbes, des Tsi­ganes et des Croates opposés au régime y furent massacrés.
Ce camp était com­posé de 6 camps prin­ci­paux, mais le camp III C était un camp d’ex­ter­mi­na­tion. Quelques Tsi­ganes y tra­vail­laient, mais la plu­part étaient exter­minés peu de temps après leur arrivée. Ici, les Tsi­ganes rece­vaient moins de nour­ri­t­ure que les autres internés et n’avaient pas accès au camp hôpi­tal. Ils mour­raient roués de coups, de faim ou d’épuisement.

Du print­emps à l’au­tomne 1942 env­i­ron 25 000 Tsi­ganes y ont été assas­s­inés. Chaque jour, 6 à 12 wag­ons arrivaient. Les hommes étaient immé­di­ate­ment tués à coups de mail­let et les cadavres enter­rés dans les jardins. Puis venait le tour des femmes et des enfants.

Env­i­ron 30 000 Tsi­ganes furent assas­s­inés dans ce camp.

Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom avant la guerre : 28 500
Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom mas­sacrée : 28 000

4/ Serbie

Une forte com­mu­nauté tsi­gane résidait en Ser­bie lorsqu’elle fut occupée par les Alle­mands en avril 1941 (estimée entre 60 000 et 120 000 par­son­nes). Un mois plus tard, l’oc­cu­pant pub­lia des décrets soumet­tant les Tsi­ganes au même traite­ment que les Juifs. Ceux-ci devaient se faire imma­triculer et porter un bras­sard jaune sur lequel était inscrit le mot “Zige­uner”. Les trans­ports en com­mun étaient inter­dits aux Juifs et aux Tsi­ganes. Les hommes étaient con­traints au tra­vail for­cé. La plu­part des Tsi­ganes qui furent arrêtés en 1941 servirent d’o­tages. Pour chaque sol­dat alle­mand tué par les par­ti­sans, 100 otages devaient mourir. Le 29 octo­bre 1941, 250 Tsi­ganes furent arrêtés dans ce but dans les envi­rons de Bel­grade. Les Tsi­ganes, dont les femmes et les enfants des otages, furent ensuite internés dans des camps de con­cen­tra­tion situés à Bel­grade et sur le ter­ri­toire croate. Dans le camp de Sajmiste (à la fron­tière croate), des Tsi­ganes furent gazés en 1942 dans des camions équipés en cham­bre à gaz.

Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom avant la guerre : 60 000
Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom mas­sacrée : 12 000

5/ Union-Soviétique et Etats baltes

En Union-Sovié­tique et dans les Etats baltes, les Tsi­ganes furent prin­ci­pale­ment vic­times des Ein­satz­grup­pen. Ces unités spé­ciales alle­man­des devaient assur­er “la sécu­rité poli­tique des ter­ri­toires con­quis”, c’est-à-dire élim­in­er toute oppo­si­tion au nation­al-social­isme et à sa poli­tique de l’e­space vital : les com­mis­saires poli­tiques sovié­tiques, les fonc­tion­naires et mem­bres du par­ti com­mu­niste, les par­ti­sans et les Juifs.

Le 22 juin 1941, Hey­drich créa qua­tre groupes, com­mandés par des généraux du SD (Ser­vice de la sécu­rité) et de la police : Ein­satz­gruppe A pour le Nord et les Pays baltes, Ein­satz­gruppe B pour la région de Moscou, Ein­satz­gruppe C pour l’Ukraine et Ein­satz­gruppe D pour le Sud, la Crimée et le Cau­case. 3 000 hommes, qui exter­minèrent sys­té­ma­tique­ment tous les élé­ments jugés indésir­ables selon les normes poli­tiques et raciales des Nazis, dans le sil­lage des divi­sions de la Wehrma­cht et de la Waf­fen SS, lesquelles leur accor­daient en cas de besoin des ren­forts en hommes.
Ces unités spé­ciales sont respon­s­ables du mas­sacre d’un à deux mil­lions de per­son­nes. Les Tsi­ganes furent exé­cutés comme les opposants désignés du IIIème Reich parce que soupçon­nés d’être des par­ti­sans, mais aus­si parce que con­sid­érés comme “des élé­ments dan­gereux pour la sécu­rité par leur exis­tence biologique”. Michael Zim­mer­mann, his­to­rien alle­mand, a retrou­vé la trace de plusieurs mil­liers d’exé­cu­tions de Tsi­ganes com­mis­es par les Ein­satz­grup­pen. Au print­emps 1942, 71 Tsi­ganes furent exé­cutés dans la région de Leningrad par l’Ein­satz­gruppe A. En sep­tem­bre 1941, l’Ein­satz­gruppe B réser­va un “traite­ment spé­cial” (pas de ques­tions sur le “traite­ment spé­cial”, je vous prie, per­son­ne ne veut vrai­ment savoir) à 13 hommes et 10 femmes tsi­ganes accusés de ter­roris­er la pop­u­la­tion locale et d’avoir com­mis de nom­breux vols. De nom­breux Tsi­ganes furent tués ou enter­rés vivants dans la région de Smolen­sk par les hommes de l’Ein­satz­gruppe D. Des Tsi­ganes fig­u­raient par­mi les vic­times iden­ti­fiées comme étant des “aso­ci­aux, des sabo­teurs, des pilleurs, des par­ti­sans, des per­son­nes men­tale­ment et raciale­ment indésirables”.

Gar­dons une pen­sée pour le fameux mas­sacre de Babi Yar ( plus grand mas­sacre de la Shoah par balles) mené par les Ein­satz­grup­pen nazis en URSS : 33 771 per­son­nes (Juifs, pris­on­niers de guerre sovié­tiques, com­mu­nistes, Roms, Ukrainiens et otages civils) assas­s­inés par les nazis et leurs col­lab­o­ra­teurs locaux (prin­ci­pale­ment le 201e batail­lon Schutz­mannschaft), les 29 et 30 sep­tem­bre 1941 aux abor­ds du ravin de Babi Yar.

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Babi Yar

Les unités A, B et C ne recher­chaient pas sys­té­ma­tique­ment les Tsi­ganes comme ils le fai­saient pour les Juifs. Les Tsi­ganes étaient, la plu­part du temps, livrés par l’ar­mée, dénon­cés par la pop­u­la­tion russe, sai­sis lors d’une véri­fi­ca­tion dans les pris­ons, tués durant des con­trôles de la pop­u­la­tion civile dans les zones situées près du front ou encore ramassés par une unité.

Il en allait tout autrement pour l’Ein­satz­gruppe D. Cette unité mas­sacra en Crimée entre 2 000 et 2 400 Tsi­ganes dont les 800 habi­tants du quarti­er tsi­gane de la ville de Sim­fer­opol en décem­bre 1941. Les Tsi­ganes étant des Musul­mans par­lant le Tatar, les Alle­mands demandèrent à deux habi­tants de les aider à les iden­ti­fi­er. Le 1er décem­bre 1941, tous les Tsi­ganes furent expul­sés de leurs maisons et con­duits sur une place située sur la route reliant Sim­fer­opol à Kara­sub­arar. Tous leurs objets de valeurs furent con­fisqués pour être expédiés à Berlin. Les Tsi­ganes furent con­duits après s’être désha­bil­lés — leurs vête­ments furent dis­tribués à la pop­u­la­tion locale — au bord d’une tranchée de deux mètres de pro­fondeur pré­parée avec des explosifs par un ingénieur de l’ar­mée pour les Ein­satz­grup­pen. On ordon­na aux Tsi­ganes de faire face à la tranchée puis un pelo­ton les exé­cu­ta d’une balle dans la tête. Les hommes du Ein­satz­gruppe D (de véri­ta­bles stakhanovistes du meurtre!) exé­cutèrent du 15 jan­vi­er au 15 févri­er 1942 91 per­son­nes iden­ti­fiées comme étant “des pilleurs, des sabo­teurs et des aso­ci­aux”, dans la sec­onde moitié du mois de févri­er 421 “Tsi­ganes, aso­ci­aux et sabo­teurs” et en mars 1942 810 “aso­ci­aux, Tsi­ganes, malades men­taux et sabo­teurs” et 261 “aso­ci­aux dont des Tsiganes”.

L’Ein­satz­gruppe D est respon­s­able de l’as­sas­si­nat d’en­v­i­ron 31 000 per­son­nes dont une majorité de Juifs entre le mois de novem­bre 1941 et le mois de mars 1942. La Wehrma­cht eut un rôle non nég­lige­able dans ces exé­cu­tions ; elle remet­tait les vic­times aux Ein­satz­grup­pen et four­nis­sait la logis­tique. Dans cer­tain cas, elle par­tic­i­pait elle-même aux mas­sacres. En mai 1942 la 281ème divi­sion tua 128 Tsi­ganes à Noborshev.

3 à 5 000 Tsi­ganes furent tués dans les Etats baltes. La plu­part des Tsi­ganes d’E­stonie furent exé­cutés entre 1941 et 1943. L’ex­ter­mi­na­tion sys­té­ma­tique des Tsi­ganes, dans les Etats baltes, com­mença en décem­bre 1941 avec l’as­sas­si­nat de 100 Tsi­ganes de Libau en Let­tonie. Dans l’est du pays, les Tsi­ganes furent regroupés dans trois villes : Lud­sa, Rezenke et Vilani. A Lud­sa, ils furent enfer­més dans une syn­a­gogue qui fut incendiée. Les sur­vivants furent “déportés dans les forêts” où ils furent exé­cutés le 6 jan­vi­er 1942. En 1943, les mas­sacres furent stop­pés et les Tsi­ganes furent incor­porés dans l’ar­mée alle­mande pour com­bat­tre les forces soviétiques.

Selon l’his­to­rien Michael Zim­mer­mann, entre 2 000 et 2 400 Tsi­ganes furent exé­cutés en Crimée par l’Ein­satz­gruppe D, de même que la moitié des 3 800 Tsi­ganes de Let­tonie, tout comme la presque total­ité de la pop­u­la­tion tsi­gane en Estonie et Lituanie.

Don­ald Ken­rick, quant à lui, estime que 30 000 Tsi­ganes ont été tués en Biélorussie, Russie et Ukraine.

URSS :

Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom avant la guerre : 100 000
Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom mas­sacrée : 30 000

Estonie :

Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom avant la guerre : 1 500
Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom mas­sacrée : 1 500

Lettonie :

Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom avant la guerre : 3 500
Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom mas­sacrée : 2 000

Lituanie :

Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom avant la guerre : 1 500
Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom mas­sacrée : 1 500

6/ Roumanie

En Roumanie le régime d’An­tones­cu pra­ti­qua la dépor­ta­tion des Tsi­ganes unique­ment dans cer­taines régions.

En 1941 et 1942, env­i­ron 25 000 Tsi­ganes de la région de Bucarest furent déportés vers les ter­ri­toires ukrainiens occupés par la Roumanie et appelés Trans­d­niestrie. En 1942, dans le cadre du plan “pour la purifi­ca­tion de la nation roumaine”, tous les habi­tants du vil­lage tsi­gane de Buda-Ursari furent déportés en Ukraine. En 1944, un camp d’in­terne­ment fut édi­fié à Tiraspol. Dans le reste de la Roumanie, les Tsi­ganes étaient plus ou moins libres. Don­ald Ken­rick estime que 9 000 Tsi­ganes ont péri sur les 46 000 déportés.

Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom avant la guerre : 300 000
Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom mas­sacrée : 36 000

7/ France

Des camps sont ouverts par le gou­verne­ment Dal­adier pour regrouper les réfugiés de la Guerre civile espag­nole (décret-loi du 12 novem­bre 1938 de Dal­adier qui prévoit l’internement des “indésir­ables étrangers”, élar­gi par la loi du 18 novem­bre 1939 qui per­met l’internement “de tout indi­vidu, Français ou étranger, con­sid­éré comme dan­gereux pour la défense nationale ou la sécu­rité publique”) . Ces camps furent créés pour les 500 000 réfugiés de la Guerre civile espag­nole (le plus célèbre reste le camp de Gurs, dans les Pyrénées-Atlantiques).

En 1939–1940, on a :

- les camps qui inter­nent Alle­mands et Autrichiens anti­nazis, sou­vent Juifs, ayant fui le nazisme depuis 1933 , mais con­sid­érés comme ressor­tis­sants ennemis ;
— les camps de nomades qui inter­nent “indi­vidus sans domi­cile fixe, nomades et forains, ayant le type romani” (Manouch­es, Gitans, Roms, Sin­tés, et plus générale­ment Tsiganes) ;

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Vue aéri­enne du camp de nomades d’Argelès (France)

- les camps de pris­on­niers de guerre alle­mands (camp des Milles) ; compte tenu du déroule­ment des opéra­tions, les sol­dats alle­mands pris­on­niers furent peu nombreux.

Des camps d’in­terne­ment des Tsi­ganes firent aus­si leur appari­tion sous le régime de Vichy. Les deux camps prin­ci­paux furent Mon­treuil-Bel­lay et Jargeau.

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Camp d’in­terne­ment tsi­gane de Mon­treuil-Bel­lay (France)

Les Tsi­ganes de France n’ont pas été déportés (sauf ceux des départe­ments du Nord et du Pas-de-Calais rat­tachés au gou­verne­ment mil­i­taire alle­mand de Brux­elles) essen­tielle­ment parce que les Alle­mands ont ordon­né aux autorités français­es de procéder à leur interne­ment. Ces autorités ont arrêté unique­ment les nomades por­teurs du car­net anthro­pométrique (vous savez, ce car­net que les Tsi­ganes ont dû garder en France jusqu’en 2015, on est le pays des droits de l’homme, on s’as­sume…), c’est-à-dire les seuls Tsi­ganes claire­ment iden­ti­fiés en France.

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Car­net anthropométrique

L’in­va­sion alle­mande n’avait pas per­mis l’ap­pli­ca­tion du décret du 6 avril 1940 dans tous les départe­ments. Toutes les per­son­nes qui furent internées dans les camps d’in­terne­ment pour nomades n’é­taient pas des Tsi­ganes ; il y avait par­mi eux des clochards et des gens que la quête du tra­vail avait jeté sur les routes. Les Alle­mands ne pou­vaient pas ordon­ner la dépor­ta­tion des Tsi­ganes de France au vu de ces infor­ma­tions : trop nom­breux auraient été les Tsi­ganes à échap­per à la dépor­ta­tion. N’ayant pas les moyens de procéder eux-mêmes au recense­ment de tous les Tsi­ganes, il sem­ble que les Alle­mands aient décidé de remet­tre à plus tard leur pro­jet. La vic­toire des Alliés ne leur lais­sa pas le temps d’ex­ter­min­er l’ensem­ble du peu­ple tsigane.

Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom avant la guerre : 42 000
Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom mas­sacrée : 14 000

Allez, juste pour s’a­muser, les chiffres de quelques autres pays (faut savoir recon­naître les efforts!)

Autriche :

Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom avant la guerre : 11 200
Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom mas­sacrée : 6 500

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Vienne, rafle de familles tsiganes

Belgique :

Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom avant la guerre : 600
Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom mas­sacrée : 352

Bohême-Moravie :

Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom avant la guerre : 13 000
Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom mas­sacrée : 5 500

Pays-Bas :

Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom avant la guerre : 300
Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom mas­sacrée : 200

Hongrie :

Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom avant la guerre : 100 000
Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom mas­sacrée : 28 000

Italie :

(Tou­jours à la traîne ces Ital­iens, des fainéants!)
Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom avant la guerre :25 000
Esti­ma­tion de la pop­u­la­tion rom mas­sacrée : 2 000

Les chiffres que j’ai pu trou­ver étant extrême­ment vari­ables d’un his­to­rien à l’autre, j’ai fait une moyenne, et (désolée) sys­té­ma­tique­ment pris en compte, pour les esti­ma­tions, la moyenne basse.

Les avis des his­to­riens con­tin­u­ent aujour­d’hui à diverg­er sur le nom­bre total de victimes.
Dis­ons qu’il y en a eu en tout de 250 000 à 1,5 million.

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Anne Tem­pel­hoff pour Kedistan


Bib­li­ogra­phie :
ASSEO Hen­ri­ette : Con­tre­point : La ques­tion tsi­gane dans les camps allemands
FINGS Karo­la, HEUSS Her­bert, SPARING Frank : De la “sci­ence raciale” aux camps, Les Tsi­ganes dans la Sec­onde Guerre mondiale
HOHMANN Joachim S. : Le géno­cide des Tzi­ganes: La poli­tique nazie d’extermination
KENRICK Don­ald, PUXON Grat­tan : Les Tsi­ganes sous l’op­pres­sion nazie
MC Hubert : Mémoires tsiganes.

Auteur(e) invité(e)
Auteur(e)s Invité(e)s
AmiEs con­tributri­ces, con­tribu­teurs tra­ver­sant les pages de Kedis­tan, occa­sion­nelle­ment ou régulièrement…