Cette vidéo filmée à Yük­seko­va à Hakkari, il y a quelques jours, est apparue aujour­d’hui sur les médias et réseaux soci­aux. Relayé par le jour­nal­iste Ned­im Tür­fent.

En effet, les équipes spé­ciales de police avaient fait une descente le 5 août, dans un chantier de con­struc­tion se trou­vant près de l’aéroport, et arrêté 52 per­son­nes dont les ouvri­ers, per­son­nes âgées et enfants, tous kur­des. 46 per­son­nes sont libérées ultérieure­ment. Les 6 restantes seront présen­tées aujourd’hui au palais de justice.

Une ving­taine de per­son­nes en garde à vue (selon cer­taines sources, les ouvri­ers du chantier) sont couchées au sol afin de les menot­ter au dos (pra­tique illé­gale), devant un pré­fab­riqué de la zone que la police spé­ciale utilise. Le com­man­dant de l’unité qui sur­veille la garde à vue, men­ace les per­son­nes arrêtées, tout en enreg­is­trant ses pro­pres propos.

Vous allez voir la force de la République Turque ! Moi, je vous con­nais tous. Qui trahit, qui est traitre, va voir les repré­sailles. Il va voir les représailles.

Que vous a fait-cet Etat ? Qu’est-ce que l’Etat vous a fait ? Tous, vous tous, vous allez voir les repré­sailles, vous allez voir la force du turc. D’accord ? Ne me regarde pas con­nard. Que tout le monde regarde le sol.”

La Pré­fec­ture de Hakkari avait déclaré suite à l’opéra­tion du 5 août, qu’une grande quan­tité de muni­tions avait été trou­vée. Sur cette vidéo, on ne voit pas d’autres armes et muni­tions que celles des policiers, par con­tre on observe curieuse­ment, la présence des véhicules civils près des blindés.

Le cab­i­net du Pre­mier Min­istre annonce dans un communiqué :

Suite à la paru­tion dans les médias, un visuel qui mon­tre nos ressor­tis­sants couchés au sol, dans le cadre des opéra­tions de lutte con­tre la ter­reur, un ordre a été don­né au Min­istère de l’Intérieur, afin de lancer expressé­ment une enquête.

On peut se deman­der, si l’enquête s’intéressera vrai­ment aux pra­tiques illé­gales dont la vidéo témoigne, ou abouti­ra comme d’habitude, à une cen­sure des médias et réseaux soci­aux afin d’interdire la pub­li­ca­tion du visuel ?

En tout cas, de mil­liers d’internautes répon­dent d’une seule voix à la ques­tion posée dans la vidéo :

- Que vous a fait-cet Etat ? 
- Il a tué et il tue !

Les pub­li­ca­tions recon­stru­isent un immense panora­ma de l’é­tat des droits de l’homme en Turquie.

La réponse à cette ques­tion se trou­ve effec­tive­ment dans cet éven­tail : de l’environnement vio­lent des années 90, jusqu’aux opéra­tions sur la cor­rup­tions du 17 décem­bre 2014, en pas­sant par la résis­tance Gezi, la répres­sion poli­cière démesurée est mise en oeu­vre à toute occasion.

Rien n’est oublié. Tous les moments de vio­lence d’Etat ressor­tent : cen­sures, morts, blessés, tor­tures, injus­tices, cor­rup­tion, dic­tat, obscu­ran­tisme, mépris, injures, men­songes. Ouvri­ers, mineurs, étu­di­ants, femmes, lgbt, enfants, enseignants, artistes, retraités, minorités, tous vic­times, opprimés, lésés.

Pour feuil­leter le cat­a­logue il suf­fit de jeter un coup d’oeil sur les hash­tags #NeYap­tıBuDe­vlet­Size (que VOUS a‑t-il fait cet Etat) ou #NeYap­tıBuDe­vlet­Bize (que NOUS a‑t-il fait cet Etat)…


 

- Que vous a fait-cet Etat ? :
— Il tue !


 


Lob­na, grave­ment blessée lors de la Résis­tance Gezi en Mai 2013 

 


Ce gamin à lui seul pour ceux qui peu­vent ressen­tir la honte, Berkin Elvan. [Berkin, 15 ans, blessé lors de Gezi, mort après 296 jours de coma] 


Divers­es destruc­tions, par exem­ple pour le 3è aéro­port d’Istanbul…
[Le tweet de “Kuzey Orman­ları Savun­ması”, Défense des fôrets du Nord]

#NeYap­tıBuDe­vlet­Bize pic.twitter.com/yox9iogmVr

— K.OrmanlarıSavunması (@kuzeyormanlari) 8 août 2015

 


Amed ! [(Diyarbakır) Atten­tat à la bombe dans le meet­ing élec­toral du HDP, 4 morts, plus de 400 blessés] 

 


Il a brûlé, assas­s­iné, bom­bardé, tor­turé, vio­lé, mutilé… Pas assez de place pour cet Etat, ici.
[Twit­ter lim­ité en 140 caractères…]

(Compte sus­pendu après notre publication)


Ceux qui appor­tent des armes eux tueurs, ont mas­sacré ceux qui appor­taient des jou­ets aux enfants. [Atten­tat de Suruç]

 


Il a détru­it nos enfants, notre avenir…

 


[A Kobanê, un canon a eau pour­suiv­ant une maman, mem­bre du col­lec­tif “les mères de la Paix”]

 


[Pho­tos dev­enues sym­bol­es de la lutte con­tre la vio­lence policière…]

 


La Turquie est menée au bord du ravin de la guerre civile. Kedis­tan par­lait d’alerte rouge. Une large majorité de la pop­u­la­tion est pour­tant pour la paix civile. Et Öcalan lui même de sa prison, a appelé à se rasseoir autour d’une table (même si cer­tains au PKK ne l’en­ten­dent plus ain­si). Et ce gou­verne­ment mène en ce moment une vraie guerre con­tre les civils, pour con­serv­er son pou­voir, pour demain peut être bas­culer dans l’é­tat d’ur­gence et qui sait, annuler les élec­tions. Ce scé­nario est crédi­ble, lorsqu’on voit que les dirigeants du HDP sont mis sous sur­veil­lance, et que la lourde inac­tion du 2e par­ti du Pays, le par­ti démoc­rate social libéral (kémal­iste), per­met de ver­rouiller bru­tale­ment les règles démocratiques.


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